Les droits inprescriptibles du lecteur

Daniel Pennac

Voici un écrivain français contemporain, Daniel Pennac, qui a écrit pas mal de romans, dont Comme un roman.
Né en 1944, il est mauvais élève et ne garde pas de bons souvenirs de l'école. Mais il devient professeur de français et enseigne de 1969 à 1995. Excellent pédagogue, il aime éveiller chez les moins bons élèves le goût pour la lecture.

La quatrième de couverture de Comme un roman m'intéresse aujourd'hui, la voici:

La quatrième de couverture (contraportada)

Les 10 droits du lecteur, illustrés

Extrait de l'oeuvre (Incipit)

1

"Le verbe lire ne supporte pas l'impératif. Aversion qu'il partage avec quelques autres : le verbe « aimer »… le verbe « rêver »…

On peut toujours essayer, bien sûr. Allez-y : « Aime-moi ! » « Rêve ! » « Lis ! » « Lis ! Mais lis donc, bon sang, je t'ordonne de lire ! » -Monte dans ta chambre et lis ! Résultat?

Néant.

Il s'est endormi sur son livre. La fenêtre, tout à coup, lui a paru immensément ouverte sur quelque chose d'enviable. C'est par là qu'il s'est envolé. Pour échapper au livre. Mais c'est un sommeil vigilent : le livre reste ouvert devant lui. Pour peu que nous ouvrions la porte de sa chambre nous le trouverons assis à son bureau, sagement occupé à lire. Même si nous sommes monté à pas de loup, de la surface de son sommeil il nous aura entendu venir.

- Alors, ça te plaît?

Il ne nous répondra pas non, ce serait un crime de lèse-majesté. Le livre est sacré, comment peut-on ne pas aimer lire ? Non, il nous dira que les descriptions sont trop longues.

Rassuré, nous rejoindrons notre poste de télévision. Il se peut même que cette réflexion suscite un passionnant débat entre nous et les autres nôtres… - Il trouve les descriptions trop longues. Il faut les comprendre, nous sommes au siècle de l'audiovisuel, évidemment, les romanciers du XIXe avaient tout à décrire… "

- Ce n'est pas une raison pour le laisser sauté la moitié des pages !
…
Ne nous fatiguons pas, il s'est rendormi.